lundi 27 septembre 2010


On pourrait penser que dans une démocratie, les projets de lois concernant la santé émanent de personnes responsables, humanistes, altruistes. Réforme de la sécu: Coup de gueule d'une diabétique en sursis

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Lola a 31 ans. Et un diabète de type 1. Elle tempête contre le projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui prévoit de diminuer le remboursement des bandelettes de glycémie.

Que dire à propos de ce que je viens de lire sur internet : un projet de lois suggérerait de ne rembourser qu’une seule analyse de sang capillaire par jour pour les diabétiques de type 1, sans doute aussi pour les types 2… cela me laisse stupéfaite.

En effet, les diabétiques de type 1 s’injectent leur(s) précieuse(s) insuline(s) et déterminent le nombre d’unités à injecter d’après leur glycémie. C'est-à-dire que par exemple, le matin je prends une électrode/bandelette, je note ma glycémie et j’injecte le nombre d’unités d’insuline rapide qui va pouvoir me permettre de rester dans une zone glycémique équilibrée et de « couvrir » mon petit déjeuner. Cela avant et deux heures après chaque repas. Donc cela fait six bandelettes minimum. A cela, je rajoute les glycémies à faire lorsqu’il me semble que mon taux de sucre dans le sang baisse et que je risque une hypoglycémie. Ou encore lorsque mon sucre dans le sang est beaucoup trop haut, risque d’hyperglycémie. Alors penser à rembourser une seule glycémie par jour serait un acte grave. Et une future dépense de santé car non équilibré un diabète aboutit à des complications terribles.

Lorsque j’avais dix ans, il n’y avait pas de lecteur de glycémie ; mon diabète était contrôlé par des analyses d’urine (cinq gouttes d’urine, 10 gouttes d’eau, et un comprimé de Clinitest dans le tube à essai…) et on sait que le réactif n’annonçait pas de traces de sucre même si j’avais 1,75 gramme de sucre dans le sang. C’était ce que je nomme les temps préhistoriques, avec les seringues en verre qu’il fallait faire bouillir et les énormes aiguilles. Dans les années quatre vingt, j’ai eu mon premier lecteur de glycémie, et afin qu’il soit rembourser, mon médecin spécialiste, avait rempli une demande en écrivant que j’envisageais une grossesse…

Aujourd’hui mon lecteur de glycémie (américain) m’annonce un résultat en cinq secondes !

Quels sont les hommes et les femmes qui peuvent avoir l’idée, le projet, de ne plus rembourser les bandelettes ? Au nom de l’économie ? Pour que les plus démunis ne puissent plus avoir le droit de vivre ? Combien faudra-t-il dépenser et qui pourra le faire ? Pour montrer du doigt un groupe de personnes atteintes d’une maladie qui est incurable et qui gaspillerait l’argent d’une sécurité sociale ? La haine de l’autre, c’est si facile.

Peut-être faudrait-il trouver le moyen de fabriquer, ou d’acheter ces produits moins cher. Ma boîte d’électrodes (100 par boîte) coûte 39,40 Euros. Les laboratoires fabriquant ces produits pourraient peut-être baisser un peu les prix.

Et peut-être qu’un projet de lois visant à obliger ces mêmes fabricants à créer des lecteurs plus précis (il y a une tolérance de 20%, qui n’est plus admissible à notre époque) pour encore affiner notre thérapie, serait une réelle avancée et non pas un retour au Moyen Age.

Alors pourquoi ne pas aller encore plus loin dans l’horreur et penser à ne plus rembourser que des analyses d’urine, oui il y a toujours des bandelettes réactives (Kétodiastix) utilisées surtout en cas d’apparition d’acétone. Et les insulines ? Et…

Non, j’espère que ce n’est pas vrai et qu’il n’y a pas de projet de lois. C’était un cauchemar.